Esther Brinkmann
ESTHER BRINKMANN
Esther vit et travaille à Bienne, Suisse.
Plaisirs renouvelables
Esther Brinkmann a cela de fort et d’essentiel que son regard depuis toujours est attiré par le besoin de se poser sur le travail de ses contemporains artistes. Ses voyages et ses expositions un peu partout en Europe, ses visites d’expositions, ses lectures, sont autant de nécessaires stimulants.
L’inspiration lui vient en explorant des matériaux qu’elle qualifie de commun : fer, aluminium, plastique, caoutchouc, voire textile – l’or et l’argent cependant ne sont pas en reste – pour mieux les détourner, les anoblir par le geste du bijoutier. De tous les bijoux c’est la bague qu’elle préfère, objet tridimensionnel par excellence et dont la relation au corps est pour elle plus important que le vêtement, que la boucle d’oreille ou le collier, car celui qui porte ces derniers ne les voit pas…
Elle ne dit pas toujours écrin mais souvent « contenant », le choix de sa forme est induit par l’objet qui va s’y loger. Certaine fois, elle a envie que l’emballage soit une vraie protection. Elle installe des correspondances entre l’intérieur et l’extérieur, des affinités, ou des dialogues. Ce fut très tôt de l’ordre de l’évidence, une sorte de souci fidèle autour du bijou, que de lui donner un lieu de sommeil ou de protection, un chemin de découverte ; que de lui consacrer un bijou particulier en parfaite harmonie avec lui, essentiel de la même façon. Là, dit-elle, pour renforcer le caractère du bijou caché à l’intérieur, prolonger son expression particulière : ainsi l’écrin est parfois géométrique, ludique, parfois féminin, doux.
Les plaisirs renouvelables sont pour Brinkmann fondateurs. Ils précèdent et accompagnent les gestes de mettre le bijou ou la montre, la décision de se parer ou de porter le temps sur soi. La surprise, un léger suspense autour de l’un ou l’autre, sont des conditions essentielles et pérennes. Ils se doivent être à l’égal du bonheur que l’on aura, répété, à chaque fois délicieux, de s’embellir un jour, une nuit. Ranger pour un temps l’objet de ses vœux, compagnon à la fois si personnel et offert au regard de l’autre, comme le signe de ce que l’on est au fond de soi, n’est que prémices de complices retrouvailles.
Fabienne Xavière Sturm